Plan de gestion de risques de l'APLC pour le myriophylle à épis

Diagramme du plan de gestion de risques de l'APLC

Myriophylle à épis : gérer le risque pour le lac Chaud (article tiré de l'Accord #127)

Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir pris connaissance du risque que pose à nos lacs le myriophylle à épis, cette plante aquatique exotique envahissante originaire de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique. De nombreux reportages (voir en particulier l’excellent documentaire de la Semaine verte – Saison 50, épisode 18 sur ici.tou.tv), articles de journaux et le travail de sensibilisation de l’APLC, de la municipalité, du Conseil régional de l’environnement des Laurentides (CRE) ont tous contribué à cette sensibilisation. La situation au Québec est alarmante. Le nombre de lacs affectés est en croissance constante dans les Laurentides (plus de 44 en 2020) et les risques de la voir introduite au lac Chaud sont significatifs considérant la présence d’un quai publique, de plus de 60 descentes privées, d’hydravions et de cours d’eau venant d’autres lacs. Nous savons qu’en cas d’introduction de la plante, une action rapide peut faire une immense différence.

Le développement d’un plan de gestion de risque est une bonne façon de se préparer. Quelques plans existent déjà pour le myriophylle à épis, mais la pratique est relativement nouvelle au Québec. Jusqu’à tout récemment, en l’absence d’une large mobilisation, on semblait attendre jusqu’à ce que le myriophylle à épis soit bien établi et nuise de façon significative à l’environnement et à la qualité de vie des résidents et usagers. Ce retard à agir rend le contrôle très coûteux, voir prohibitif, et exige une importante mobilisation de bénévoles. Le diagramme ci-contre présente de façon simplifiée les trois grandes étapes d’un plan de gestion du risque pour le lac Chaud. On développera ensuite, pour chaque étape, des plans plus détaillés qui devront être révisés périodiquement afin d’être toujours à jour.

La priorité reste, pour tous les lacs, la prévention afin de stopper l’introduction du myriophylle à épis. La première phase s’articule autour de la sensibilisation, du lavage des embarcations et de la patrouille par des bénévoles afin de rapidement détecter la présence du myriophylle à épis si les efforts de prévention ont échoué. Il s’agit ici de ne jamais baisser la garde, d’intensifier nos activités de prévention et de les réviser périodiquement pour les renforcer si nécessaire. Le lavage des embarcations et autres équipements nautiques est un bon exemple en ce sens. On peut voir comment la municipalité a rapidement et à plusieurs reprises adapté son approche afin de tenir compte des nouvelles connaissances et commentaires de ses partenaires, incluant l’APLC. La Macaza dispose maintenant d’un solide règlement et de bonnes pratiques. D’autres améliorations sont toutefois nécessaires, comme par exemple, s’assurer que le lavage des embarcations reste obligatoire pendant toute la période où le quai public est utilisé pour la mise à l’eau d’embarcations et que les données collectées soient partagées sur une base régulière.

La phase de prévention inclut aussi le déploiement d’un réseau de sentinelles qui patrouillera régulièrement le lac Chaud afin de détecter, le plus tôt possible, l’introduction du myriophylle à épis ou autres plantes aquatiques exotiques envahissantes. Depuis 2017, la patrouille est assurée par 2 à 5 bénévoles qui utilisent de petites embarcations et ciblent d’abord les lieux où l’introduction est la plus probable (quai public, charges, descentes privées). L’APLC veut maintenant se doter d’un véritable réseau de sentinelles qui pourrait inclure la patrouille en embarcation, mais aussi en apnée (palmes, tuba et masque!). Nous lançons donc un appel à tous les membres et particulièrement à ceux et celles qui sont intéressés par la patrouille en apnée ou même en plongée! Les membres du réseau des sentinelles seront également sollicités pour aider au développement des plans de patrouille, de confinement et d’éradication. Des discussions sont en cours pour que le CRE Laurentides forme les sentinelles dès cet été. Une formation à distance bien sûr!

La phase de confinement se mettrait en branle lorsqu’un/e bénévole croit identifier le myriophylle à épis ou une autre plante aquatique exotique envahissante. Le site serait alors marqué d’une bouée temporaire et l’identification confirmée par un expert. En cas de confirmation, la zone où la plante est présente serait cartographiée et, de concert avec la Municipalité, des bouées seraient installées afin de réduire au maximum, voir interdire, la circulation dans la zone. Une stratégie de communication serait également mise en branle pour informer les riverains, résidents et visiteurs et éviter la propagation de la plante en dehors de la zone.

La phase d’éradication commencerait ensuite avec le développement ou la mise à jour d’un plan d’intervention qui confirmera l’approche retenue (e.g., arrachage manuel, bâches), les ressources nécessaires, les périodes où le travail d’éradication se fera et les activités de communication qui seront mises en place. Il est important de souligner que l’éradication du myriophylle à épis est pour l’instant presque inatteignable et que dans les faits, on devra sans doute initier une période où les phases de confinement et d’éradication alterneront pendant que la prévention continuera. On souhaite donc tous que la prévention fonctionne et que les phases de confinement et d’éradication ne soient jamais nécessaires au lac Chaud. C’est à nous tous d’y voir!

L’APLC et la municipalité de La Macaza travaillent déjà ensemble depuis plusieurs années sur ce dossier, avec le soutien du CRE Laurentides. Plus que jamais, il faut que cette coopération se poursuive et qu’elle s’inscrive dans la continuité. Les bénévoles que nous cherchons à recruter pourront participer à ces efforts.

Claude Lefrançois, Administrateur et responsable du Comité environnement